
Nous arrivons à Potosi en fin d'après-midi. Nous trouvons un hôtel repéré dans le Guide du Routard, Hotel La Casona, où nous logeons dans une chambre double pour 100$Bs/11,60euros la nuit, petit-déj inclus, salle de bain commune. L'hôtel est sympa avec son patio pour salle commune mais difficile d'avoir de l'eau chaude dans la douche, comme partout en Bolivie.
Nous réservons la visite des mines de demain et partons dîner. On ne sait pas trop quoi penser de cette visite des mines. Est-ce du voyeurisme que de payer un tour touristique pour voir des mineurs travailler dans des conditions atroces ? Est-ce de la curiosité ou juste qu'on s'y intéresse ? Allons-nous supporter de passer deux heures dans des galeries sombres, humides et poussiéreuses, avec des émanations de gaz toxiques ? Tant de questions. Le mieux est d'aller voir par nous même.
Le lendemain, nous commençons l'excursion par un passage au marché des mineurs afin de leur acheter quelques cadeaux comme des feuilles de coca, du jus de fruit et des bâtons de dynamite. C'est à peu près tout ce qu'ils consomment dans la journée sans compter l'alcool pure (96°) qu'on a décidé de ne pas leur acheter. Pour les bâtons de dynamite, c'est la seule ville en Bolivie où ils sont accessibles sur un marché, ailleurs c'est interdit, et c'est leur outil de travail.
Alcool à 96°, ça décrasse !
Un bâton de dynamite et sa mèche
Ça y est, nous sommes fin prêts pour les mines
La seconde étape du tour est une visite de la raffinerie qui traite la récolte des mineurs. On y apprend que les trois minéraux sont l'argent, l'étain et le plomb qui sont extraits ensemble puis exportés à l'étranger pour être séparés. Notre guide Wilson est un ancien mineur et ses explications sont très intéressantes.
Pierres extraites des mines, un mélange d'argent, d'étain et de plomb
Système pour extraire les minéraux, avec de l'eau et des produits chimiques
Les mines de Potosi
Nous entrons enfin dans les mines. Les couloirs sont sombres mais pas trop étroits. Nous progressons d'abord dans de la boue avec nos lampes frontales. Puis nous devons mettre nos masques car l'air s'assèche et nous risquons de respirer des poussières toxiques. Nous ne devons pas toucher les murs car ils contiennent des substances nocives comme le soufre, l'arsenic ou l'amiante. Il ne fait ni trop chaud ni trop froid. Jusqu'ici tout va bien.
Substances dangereuses mais c'est joli
Nous croisons nos premiers mineurs au bord des rails, remplissant inlassablement d'énormes sacs de pierres pour les monter dans une autre galerie. Ils doivent souvent casser de gros blocs à la masse pour qu'ils rentrent dans les sacs. Ils travaillent sans masque, dans le noir et soulèvent toute la journée des charges très lourdes. C'est vraiment impressionnant. Un peu plus loin, d'autres mineurs récupèrent des pierres d'une autre galerie et les chargent dans un charriot.
Nous sommes samedi ce qui veut dire que peu de mineurs travaillent aujourd'hui, car ils ont souvent trop bu la veille pour fêter la fin de la semaine. Notre guide nous informe donc qu'il faut qu'on change de mine pour pouvoir voir plus de mineurs. Nous devons donc passer d'une mine à l'autre en empruntant des galeries super étroites, où il fait chaud et l'air y est suffoquant. C'est là que ça se complique un peu car en plus il faut grimper et s'accroupir. Déconseillé aux claustrophobes. Nous arrivons enfin dans la deuxième mine. Nous pouvons nous redresser, respirer normalement et retrouver nos esprits après ce passage vraiment difficile.
Nous continuons notre progression en suivant les rails. Nous devons régulièrement nous plaquer à la paroi de la galerie pour laisser passer les mineurs poussant des wagons remplis de deux tonnes pierres.
Nous faisons une halte auprès du démon des mines, el Tio, que les mineurs implorent pour leur protection et leur réussite. Wilson nous explique l'importance de ce dieu et de la Pachamama (mère de la terre) et ce que signifient les différentes offrandes qui leur sont faites. En effet, sur cette statue on retrouve une grande quantité de feuilles de coca, des cigarettes (il est d'ailleurs de coutume d'en mettre une allumée dans la bouche du Tio) et de l'alcool. On apprend aussi qu'au mois de juin, les mineurs font des sacrifices de lamas pour la Pachamama. Le sang des bêtes est aspergé sur les murs à l'entrée des mines puis la viande est partagée entre tous.
El Tio et ses offrandes
Nous sortons choqués et exténués mais nous pouvons enfin répondre à toutes nos questions. Nous ne regrettons pas une seconde d'avoir vécu cette expérience. Nous pensons maintenant que ce n'est pas du voyeurisme mais qu'il est important de prendre conscience de manière aussi concrète des conditions atroces dans lesquelles les mineurs travaillent encore de nos jours.
Nos esprits retrouvés, nous nous baladons dans les rues de Potosi. L'architecture coloniale avec les jolis balcons en bois nous nous séduit. En fin d'après-midi, nous allons nous baigner à l'Ojo del Inca, une piscine de source chaude naturelle au milieu de collines colorées. Seules Coralie et Émilie font trempette dans cette eau à 35°C plutôt agréable.
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Dans "l'œil de l'inca"
Dans les rues de Potosi
Une belle église en pierre
Le lendemain matin, nous prenons le bus pour Sucre.
Dur dur le travail dans les mines.heureusement qu'ils ne font pas travailler les enfants !
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